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  • Masques gratuits notamment pour certains titulaires de l'AAH

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    Olivier Véran annonce la distribution de masques gratuits pour les 7 millions de Français les plus précaires. Les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire, pour certains également titulaires de l'AAH, sont concernés.

    Depuis le 20 juillet 2020, toute personne de 11 ans et plus doit porter un masque grand public dans les lieux publics clos, en complément de l'application des gestes barrière, au risque d'écoper d'une amende de 135 euros. Mais un masque, ça coûte cher. Le budget d'un foyer (deux adultes et deux enfants de plus de 11 ans) peut dépasser les 200 euros par mois, estime UFC Que Choisir. Si La France Insoumise a déposé une proposition de loi pour la gratuité généralisée, Emmanuel Macron s'y est opposé, indiquant que cela doit « rester une politique sociale » Si le gouvernement a alors décidé de plafonner le prix du modèle chirurgical à usage unique à 0,95 euros l'unité jusqu'au 10 janvier 2021, il n'exclut pas des aides pour certains publics.

    Pour les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire 

    Le 21 juillet, lors d'une séance des questions au gouvernement, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la relance de la distribution gratuite de masques « à destination du public précaire », notamment celui qui bénéficie de l'Aide médicale d'Etat et de la complémentaire santé solidaire. Rappelons que, depuis le 1er novembre 2019, la CSS remplace la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) et l'aide au paiement d'une complémentaire santé (ACS). Elle est octroyée gratuitement ou à environ 1 euro par jour aux personnes aux revenus modestes, pour leur permettre de couvrir certaines dépenses de santé. Les allocataires de l'AAH (allocation adulte handicapé) y ont droit, ainsi que ceux de l'Allocation supplémentaire d'invalidité (ASI) ou encore les bénéficiaires d'une pension d'invalidité en situation de pauvreté.

    Pour les 7 millions de Français les plus pauvres

    Cette distribution gratuite qui devrait être « mise en place dès la semaine prochaine », selon le ministère, concerne également « les contacts habituels des associations d'aide aux plus vulnérables », sans que la liste ne soit définie. Au total, Olivier Véran a indiqué le 22 juillet sur France 2 que le gouvernement allait envoyer gratuitement 40 millions de masques grand public lavables aux sept millions de Français les plus pauvres, « de manière à ne leur demander aucune démarche ». « Nous passons un contrat avec la Poste qui s'est engagée à envoyer d'ici quelques jours seulement ces masques gratuits, pour une protection de trois mois », a poursuivi le ministre.

    Ce dernier a également précisé que deux autres millions de citoyens, « ceux qui sont porteurs de fragilité », c'est-à-dire ayant un profil de santé à risque pouvant les exposer aux formes les plus sévères du Covid-19, « peuvent se faire rembourser des masques chirurgicaux, en pharmacie. », à condition d'avoir une prescription médicale.

    Masques maison et visières

    En parallèle, certaines régions proposent des mesures spécifiques ; c'est le cas de l'Ile-de-France qui promet une distribution gratuite de masques lavables en tissu, à la rentrée, pour les lycéens et les membres d'associations caritatives. Reste la possibilité de confectionner son propre modèle mais avec le risque que la qualité et le potentiel de protection face au coronavirus soient inférieurs à ceux d'un masque homologué. Qu'en est-il des visières ? Le Haut conseil de la santé publique ne les considère pas comme des « équipements de protection respiratoire mais des équipements de protection des yeux et du visage ». Il recommande également de ne pas utiliser de visière seule mais de la mettre « en complément du port d'un masque grand public ». A noter que deux modèles à fenêtre transparente, homologués, peuvent désormais être mis sur le marché en toute sécurité. Déployés dans les semaines qui viennent à grande échelle, ils vont libérer nos visages et faciliter la communication, notamment, avec les personnes lisant sur les lèvres (article en lien ci-dessous).

    Dérogation en cas de handicap

    Qu'en est-il, enfin, de la dérogation au port du masque en cas de handicap (article en lien ci-dessous) ? Elle demeure valable également dans les lieux clos assure le site du secrétariat d'Etat au Handicap. Cela concerne les « personnes dont le handicap le rend difficilement supportable ». Mais cette dérogation est assortie de deux conditions : présenter un certificat médical ou tout autre document justifiant de son handicap et de l'impossibilité de porter un masque et prendre toutes les précautions sanitaires possibles (port, si possible, d'une visière) avec le respect des autres gestes barrière ».

  • Les 1ers masques transparents bientôt commercialisés

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    Deux modèles à fenêtre transparente peuvent être mis sur le marché en toute sécurité. Déployés à grande échelle, ils vont libérer nos visages et permettre de renouer le contact avec des personnes laissées pour compte par le port obligatoire du masque.

    20 juillet 2020. Après plusieurs semaines de flottement, les masques deviennent obligatoires dans tous les lieux publics clos. Cette habitude pourrait bien s'inscrire durablement dans notre quotidien, au grand dam de certains publics qui peinent à communiquer face à ces visages dissimulés. Très tôt, la situation des personnes sourdes, qui lisent sur les lèvres, a été évoquée (articles en lien ci-dessous). Mais pas que ! Certaines personnes avec un handicap cognitif ou intellectuel ont également besoin de décrypter les expressions du visage pour que le message puisse passer. Face à cette problématique, partout dans le monde, des créatifs bien inspirés se sont mis à coudre des masques avec fenêtre transparente, afin de laisser apparaître les lèvres. Un coup de pouce bienvenu de ces petits fabricants mais qui n'entrait dans aucune case de la réglementation relative aux masques.

    Tests exigés

    Il fallait donc faire les choses dans les règles pour proposer sur le marché, à grande échelle, des modèles répondant aux normes de sécurité sanitaire. A l'initiative du secrétariat général du Comité interministériel du handicap, la DGE (Direction générale des entreprises) va tout de suite accompagner les fabricants, notamment sur le choix des matériaux. Pour la phase de tests, priorité sera donnée à ces masques auprès de la DGA (Direction générale des armées) qui est chargée de contrôler la perméabilité et la filtration des prototypes. Les premiers essais sont prometteurs… Il reste néanmoins quelques adaptations à faire car la fenêtre plastique occupe la majeure partie du masque, ce qui peut gêner la respiration et créer une zone de rétention de CO2 pouvant être délétère pour le porteur. L'ajustement sur le visage est également à optimiser pour pouvoir garantir une efficacité de protection identique à celle du grand public.

    Une véritable urgence

    Les experts de la DGA ont continué à accompagner les fabricants pour améliorer les prototypes et ont proposé une adaptation du cahier des charges interministériel des masques grand public. Elle a été transmise aux autorités de santé qui ont confirmé l'innocuité de cette nouvelle catégorie. Les fabricants ont donc été appelés à transmettre de nouveaux prototypes répondant aux recommandations de la  DGA afin que de nouveaux tests puissent être réalisés sur cette base. « C'était vraiment une course contre la montre, explique Céline Poulet, secrétaire générale du Comité interministériel du handicap, car on sentait la demande très pressante. » Elle se réjouit que tant d'acteurs se soient aussi rapidement mobilisés sur ce projet face à l'urgence. Le gouvernement annonce en effet dans un premier temps que les masques seront obligatoires à partir du 1er août, avant de ramener cette échéance au 20 juillet. Si les versions « tissu » et jetables homologués ont déjà recouverts nos visages, le masque transparent devait encore faire ses preuves…

    Made in France

    18 juillet, bingo ! Deux modèles sortent du lot, répondant aux recommandations fixées par la DGA, qui donne ainsi son feu vert pour leur mise en circulation. L'un s'appelle Masque Inclusif®, conçu par une start-up française et produit par APF Entreprises (France Handicap). Il séduit le groupe Amazon qui décide d'en équiper les collaborateurs de ses centres de distribution en France. « C'est fantastique, avec ce masque je peux enfin être protégée et parfaitement connectée à mes collègues. Tout le monde ne réalise pas ce qu'un simple sourire peut dire quand on peut le voir ! », explique Marina, une préparatrice de commande sourde. 500 masques seront ainsi livrés, dans un premier temps. L'autre se nomme Smile d'Odiora (ou Masque sourire), une société qui s'est engagée dans les premières et dont les masques seront en partie fabriqués par une entreprise adaptée, redonnant ainsi de l'activité à un secteur qui a souffert durant le confinement. Deux autres prototypes pourraient également être très prochainement validés par la DGA.

    Bientôt dans le commerce

    La fabrication à grande échelle peut être lancée, pour répondre, notamment, à la demande des entreprises, de la Ville de Paris, du ministère des Armées, mais aussi des particuliers qui peuvent déjà passer des précommandes sur les sites des fabricants. Pour Céline Poulet, l'objectif est de « pouvoir en trouver assez rapidement dans les réseaux de distribution ordinaires pour que tout le monde en porte ! ». Dernière étape, intégrer les masques fenêtres dans la note interministérielle précisant les catégories de masques grand public. Le secrétariat général du Comité interministériel du handicap salue une « avancée majeure en France » dont il compte bien faire la « promotion ».

    Des masques transparents

    Des masques totalement transparents sont également dans les tuyaux. Début juillet, la FDA (Food and drug administration) qui a la charge d'autoriser la commercialisation des médicaments aux États-Unis, annonce la mise sur le marché du « premier masque transparent doté de filtres à charbon N99+ approuvé, avec une fonction d'auto-purification à l'aide de la lumière UV-C », appelé LEAF Mask. Mais la France se sent, elle aussi, capable de relever un tel défi. Deux autres dispositifs innovants cherchent à se faire reconnaître : le premier, c'est Civility mask qui, en dépit de son nom, est un pur produit « made in France ». Décliné en 12 couleurs, il est en plastique dur, ultraléger, lavable et confortable. Le second est une visière innovante, Vuzair, qui, en plus de protéger le visage et les yeux, permet, par un ajout de tissus, de protéger les voies respiratoires.

    Une innovation pour tous

    Si ces outils sont principalement dédiés aux personnes rencontrant des difficultés de communication, ils séduisent également les pro de la petite enfance, les orthophonistes… « Mais lorsqu'on voit le nombre de personnes qui baissent leur masque pour se parler, on se rend compte que le potentiel de tels produits est énorme, se satisfait Céline Poulet. On a besoin de voir le visage de l'autre pour bien le comprendre ». Cette nouvelle habitude va certainement s'inscrire dans le temps, durant des mois, voire des années et, pour qu'ils soient pleinement tolérés, ces dispositifs doivent être acceptables, confortables et limiter les contraintes. « Ce n'est certainement pas un produit de niche », poursuit-elle. Comme souvent par le passé, le handicap peut être un formidable promoteur d'innovations conçues à l'origine pour une minorité -on pense toujours à la télécommande- qui finissent par s'imposer dans la vie du plus grand nombre…