Info Délégation 63 - Page 160

  • Article de FAIRE FACE sur la manifestation Nationale du jeudi 16 septembre 2021...Un grand Merci...

    Dans plusieurs départements, les partisans de la déconjugalisation de l'AAH avaient organisé de faux mariages pour dénoncer la dépendance financière des allocataires en couple. © DR

    AAH en couple : faux mariages, vrais combats

     

    Une cinquantaine d’opérations ont rassemblé les partisans de l’individualisation de l’AAH, jeudi 16 septembre : faux mariages à Clermont-Ferrand et à Montpellier, blocage du périphérique à Nantes… Petit tour de France.

    La marche nuptiale retentit devant la préfecture de Clermont-Ferrand, en ce début de jeudi après-midi. Les confettis pleuvent sur la mariée en robe blanche, dans son fauteuil roulant, et son futur conjoint, en costume et nœud papillon, à ses côtés.

    « Vivien, voulez-vous épouser Leïla ? », demande la femme qui les a accueillis sous le porche, où ils se sont abrités de la pluie. « Oui, je le veux ! » « Leïla, voulez-vous épouser Vivien ? » « Non, je ne peux pas car j’ai l’AAH ! » répond-t-elle du tac au tac. Fin du faux mariage sous les huées des quelque 70 militants présents… et le regard interloqué des passants qui s’étaient arrêtés pour assister à cette union publique.

    « Pas d’autre choix que de ne pas se marier »

    Les faux mariages ont bénéficié d’une bonne couverture médiatique, comme ici, à Clermont-Ferrand. © DR

    « Leïla n’a malheureusement pas d’autre choix que de ne pas se marier. Ni même de se mettre en couple, vient expliquer au mégaphone Nadine Delort, élue APF France handicap, à l’initiative de cette opération médiatique. La Caisse d’allocations familiales prendrait alors en compte les ressources de son compagnon pour calculer son allocation adulte handicapé (AAH). »

    Et d’expliquer que le Sénat va bientôt examiner, en seconde lecture, une proposition de loi. Le texte vise à individualiser l’AAH. Mais le Gouvernement y est opposé, alors même que tous les partis d’opposition y sont favorables.

    « C’est beau, ça brille mais il n’y a rien dedans »

    La cérémonie parodique s’est terminée par l’envol de bulles de savon, soufflées par les militants d’APF France handicap, de la Ligue des droits de l’Homme et d’Handi-Sup Auvergne, notamment.

    « Pour symboliser la politique du handicap de ce Gouvernement, grince Sandrine Raynal, directrice territoriale d’APF France handicap dans le Puy-de-Dôme. C’est beau, ça brille mais il n’y a rien dedans. »

    « Stop à la dépendance financière dans le couple ! »

    Sous l’impulsion d’APF France handicap, 22 associations avaient appelé à manifester, jeudi 16 septembre. Pour dire : « Stop à la dépendance financière dans le couple ! ». Dans plusieurs départements, elles avaient organisé un faux mariage. Une manière de mettre en scène l’impossibilité de s’engager dans un projet de couple, au risque de voir ses ressources diminuer.

    Sur les murs de Montpellier

    Vingt œuvres autour de l’amour et du handicap ornent les murs de Montpellier. © DR

    À Montpellier, les mariés et leur cortège ont déambulé dans le centre-ville, accompagnés d’un orchestre, de circassiens… Il rassemblait des adhérents d’APF France handicap, de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, de l’Unapei…

    Les jours précédents, des artistes de street art avaient collé ou peint des œuvres dans les quartiers alentours. Sur le thème de l’amour et du handicap. Avec un QR code à scanner renvoyant vers une pétition en ligne. Une autre manière de dénoncer l’injustice.

    « Ton couple, tu le payes cash »

    Les manifestants ont bloqué le périphérique pendant une heure, à Nantes.© DR

    À Nantes, la tonalité était moins poétique. Les militants du Comité de coordination des associations pour personnes handicapées de Loire-Atlantique (CCAPH 44) ont commencé, le matin, par investir le périphérique. Une heure de blocage avant d’être évacués par les forces de l’ordre.

    Puis, ils se sont rendus devant les permanences de quatre députés de La République En Marche ! ayant voté contre la proposition de loi visant à supprimer la prise en compte des ressources du conjoint. Ils ont placardé des tracts sur les volets et les portes. “Handicap ou amour : il faut choisir !”, “Ton couple, tu le payes cash”, “Le mariage pas pour tous”.

    Sur le marché d’Auch

    À Auch, les militants ont fait signer la pétition réclamant la déconjugalisation de l’AAH. © DR

    À Auch, les adhérents d’APF France handicap, de Consommation logement et cadre de vie (CLCV), du Monde du silence, de Retina France et de l’Union départementale des associations familiales (Udaf) s’étaient donnés rendez-vous au marché.

    Devant leur stand, deux mannequins de paille – cravate pour le garçon, robe de mariée pour la fille – et une pancarte : « Veux-tu m’épouser ? J’peux pas, j’ai l’AAH ! »

    « Nous avons expliqué aux passants la situation de dépendance financière que crée la prise en compte des ressources du conjoint pour le calcul de l’AAH, raconte Marie-Christine Huin, représentante d’APF France handicap dans le Gers. L’un d’eux s’est exclamé : “Mais comment ont-ils même pu imaginer ça ?”»

  • Article de Radio Scoop sur la manifestation Nationale du jeudi 16 septembre 2021...Un grand Merci...

    CLERMONT-FERRAND : LES PERSONNES HANDICAPÉES NE VEULENT PLUS CHOISIR ENTRE MARIAGE ET PAUVRETÉ

    Vendredi 17 Septembre - 05:00

     
    La fausse cérémonie de mariage a été organisée à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) par l'association APF France-Handicap pour demander la déconjugalisation de l'AAH, l'allocation adulte handicapé. - © Tiphaine Coulon / Radio Scoop
     
    L'association APF France-Handicap s'est mobilisée ce jeudi 16 septembre devant la préfecture de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Un faux mariage a été organisé pour dénoncer les conditions d'attribution de l'AAH, l'allocation adulte handicapé.


    Robe blanche, confettis, élus et témoins. Tous les ingrédients étaient réunis ce jeudi 16 septembre pour la cérémonie de mariage organisée par l'association APF France-handicap, habituée aux opérations chocs devant la préfecture de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il s'agissait d'une fausse cérémonie, qui a permis à l'association de demander une nouvelle fois la déconjugalisation de l'AAH, l'allocation adulte handicapé.

    Une dépendance financière totale


    Plutôt que de dire oui à Vivien, Leïla a répondu : "je ne peux pas, j'ai l'AAH", mettant fin à la cérémonie.

    "Malgré tout son amour pour le beau Vivien, la mariée a été contrainte de refuser cette demande, car sinon elle se serait retrouvée comme au 19e siècle, en situation de dépendance totale financièrement, vis-à-vis de son époux", explique Sandrine Raynal, la directrice de l'APF France-Handicap dans le Puy-de-Dôme.

    "En étant célibataire, à cause de son handicap qui ne lui permet pas de travailler, elle perçoit l'allocation adulte handicapé. Si elle épouse Vivien, elle perd de manière définitive l'AAH et elle n'a droit à rien. Pas au RSA, pas au chômage, à rien ! Et elle sera donc dans une situation de dépendance financière à vie vis-à-vis de son époux. Mais l'allocation adulte handicapé n'est pas un minima social comme un autre, ce n'est pas une situation temporaire", explique la directrice.



    L'association demande donc la déconjugalisation de l'AAH, qui devrait être versée quel que soit le statut de la personne handicapée.

    Un projet de loi allant dans ce sens devait être examiné en juin 2021, mais le Gouvernement a bloqué le vote.

    Un nouvel examen est prévu en octobre au Sénat et l'association appelle les Auvergnats à se mobiliser pour faire pression sur les élus pour que ce projet de loi soit adopté.
  • Clermont-Ferrand : mobilisation contre la dépendance financière des personnes en situation de handicap-Reportage de la radio France bleu Pays d'Auvergne

    Une cinquantaine de personnes étaient mobilisées ce jeudi après-midi pour dénoncer le fonctionnement d'attribution de l'AAH. Cette allocation prend en compte les revenus d'un couple dans son calcul, rendant certaines personnes handicapées dépendantes financièrement de leur conjoint.

    L'APF France Handicap du Puy-de-Dôme organise une fausse cérémonie de mariage pour dénoncer le fonctionnement de l'AAH
    L'APF France Handicap du Puy-de-Dôme organise une fausse cérémonie de mariage pour dénoncer le fonctionnement de l'AAH © Radio France - Lou Momège

    C'est un drôle de mariage qui a eu lieu ce jeudi 16 septembre, sous les arcades de la préfectures de Clermont-Ferrand. "Je le veux !", s'exclame le marié Vivien. "J'peux pas, j'ai mon AAH", retorque la mariée,  vêtue d'une robe immaculée dans son fauteuil roulant. 

    Cette fausse union, mise en scène par l'APF France Handicap, tourne en dérision un problème bien réel pour les personnes en situation de handicap. Elles peuvent bénéficier de l'Allocation adulte handicapé, mais cette aide sociale est calculée en fonction des revenus du foyer. Certaines personnes se retrouvent donc dépendantes de leur conjoint, car celui-ci touche un salaire considéré comme trop élevé pour prétendre à l'AAH.

    "Je suis dépendante de mon mari"

    C'est le cas de Patricia, malvoyante : avec la retraite, son mari a touché une prime de départ, et elle ne peut par conséquent plus bénéficier de cette allocation. "Cette prime a entièrement supprimé mon AAH et mon ACTP. Là, je suis dépendante de mon mari, sachant qu'il a un revenu de 1.500 euros", regrette-t-elle.

    Quand je veux acheter quelque chose, ou aller chez le coiffeur par exemple, je ne peux pas. Je dois demander à mon mari. Je trouve ça honteux. " - Patricia, malvoyante et ancienne bénéficiaire de l'AAH.

    En France, 12 millions de personnes sont en situation de handicap.
    En France, 12 millions de personnes sont en situation de handicap. © Radio France - Lou Momège

    Vivre en couple ou conserver son indépendance financière. Voilà le dilemme auquel peuvent faire face les 1,22 millions de personnes bénéficiant de l'AAH (chiffre de 2019). Sandrine Raynal, la directrice de l'APF France Handicap du Puy-de-Dôme, a joué le rôle de (fausse) maire lors la cérémonie. Elle s'indigne : 

    Quand une personne travaille, on lui demande pas les ressources de son ou sa conjoint(e) pour définir son salaire. L'AAH existe aujourd'hui pour compenser l'incapacité de travail des handicapés, donc on ne comprend pas pourquoi elle dépend des revenus du conjoint.

    La déconjugalisation réexaminée par le Sénat

    Pour Nadine Delort, élue au Conseil départemental d'APF France Handicap, cette dépendance peut engendrer des dérives : "Cela peut créer une emprise, voire des violences conjugales, car l'un est dépendant de l'autre, en plus d'être en situation de fragilité." Elle affirme que l'association fait régulièrement face à des situations de pressions psychologiques dans ce cas de figure. 

     

    En juin 2021, l'Assemblée nationale avait étudié une proposition de loi pour individualiser l'attribution de l'AAH. La vaste majorité de l'hémicycle s'était prononcée en faveur de cette modification, mais le gouvernement avait finalement fait adopter par vote bloqué la création d'un abattement forfaitaire sur les revenus du conjoint. La proposition de loi doit cependant reparaître devant les sénateurs le 12 octobre, et pourrait permettre, à terme, la déconjugalisation de l'AAH.