AAH en couple : faux mariages, vrais combats
Une cinquantaine d’opérations ont rassemblé les partisans de l’individualisation de l’AAH, jeudi 16 septembre : faux mariages à Clermont-Ferrand et à Montpellier, blocage du périphérique à Nantes… Petit tour de France.
La marche nuptiale retentit devant la préfecture de Clermont-Ferrand, en ce début de jeudi après-midi. Les confettis pleuvent sur la mariée en robe blanche, dans son fauteuil roulant, et son futur conjoint, en costume et nœud papillon, à ses côtés.
« Vivien, voulez-vous épouser Leïla ? », demande la femme qui les a accueillis sous le porche, où ils se sont abrités de la pluie. « Oui, je le veux ! » « Leïla, voulez-vous épouser Vivien ? » « Non, je ne peux pas car j’ai l’AAH ! » répond-t-elle du tac au tac. Fin du faux mariage sous les huées des quelque 70 militants présents… et le regard interloqué des passants qui s’étaient arrêtés pour assister à cette union publique.
« Pas d’autre choix que de ne pas se marier »
« Leïla n’a malheureusement pas d’autre choix que de ne pas se marier. Ni même de se mettre en couple, vient expliquer au mégaphone Nadine Delort, élue APF France handicap, à l’initiative de cette opération médiatique. La Caisse d’allocations familiales prendrait alors en compte les ressources de son compagnon pour calculer son allocation adulte handicapé (AAH). »
Et d’expliquer que le Sénat va bientôt examiner, en seconde lecture, une proposition de loi. Le texte vise à individualiser l’AAH. Mais le Gouvernement y est opposé, alors même que tous les partis d’opposition y sont favorables.
« C’est beau, ça brille mais il n’y a rien dedans »
La cérémonie parodique s’est terminée par l’envol de bulles de savon, soufflées par les militants d’APF France handicap, de la Ligue des droits de l’Homme et d’Handi-Sup Auvergne, notamment.
« Pour symboliser la politique du handicap de ce Gouvernement, grince Sandrine Raynal, directrice territoriale d’APF France handicap dans le Puy-de-Dôme. C’est beau, ça brille mais il n’y a rien dedans. »
« Stop à la dépendance financière dans le couple ! »
Sous l’impulsion d’APF France handicap, 22 associations avaient appelé à manifester, jeudi 16 septembre. Pour dire : « Stop à la dépendance financière dans le couple ! ». Dans plusieurs départements, elles avaient organisé un faux mariage. Une manière de mettre en scène l’impossibilité de s’engager dans un projet de couple, au risque de voir ses ressources diminuer.
Sur les murs de Montpellier
À Montpellier, les mariés et leur cortège ont déambulé dans le centre-ville, accompagnés d’un orchestre, de circassiens… Il rassemblait des adhérents d’APF France handicap, de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, de l’Unapei…
Les jours précédents, des artistes de street art avaient collé ou peint des œuvres dans les quartiers alentours. Sur le thème de l’amour et du handicap. Avec un QR code à scanner renvoyant vers une pétition en ligne. Une autre manière de dénoncer l’injustice.
« Ton couple, tu le payes cash »
À Nantes, la tonalité était moins poétique. Les militants du Comité de coordination des associations pour personnes handicapées de Loire-Atlantique (CCAPH 44) ont commencé, le matin, par investir le périphérique. Une heure de blocage avant d’être évacués par les forces de l’ordre.
Puis, ils se sont rendus devant les permanences de quatre députés de La République En Marche ! ayant voté contre la proposition de loi visant à supprimer la prise en compte des ressources du conjoint. Ils ont placardé des tracts sur les volets et les portes. “Handicap ou amour : il faut choisir !”, “Ton couple, tu le payes cash”, “Le mariage pas pour tous”.
Sur le marché d’Auch
À Auch, les adhérents d’APF France handicap, de Consommation logement et cadre de vie (CLCV), du Monde du silence, de Retina France et de l’Union départementale des associations familiales (Udaf) s’étaient donnés rendez-vous au marché.
Devant leur stand, deux mannequins de paille – cravate pour le garçon, robe de mariée pour la fille – et une pancarte : « Veux-tu m’épouser ? J’peux pas, j’ai l’AAH ! »
« Nous avons expliqué aux passants la situation de dépendance financière que crée la prise en compte des ressources du conjoint pour le calcul de l’AAH, raconte Marie-Christine Huin, représentante d’APF France handicap dans le Gers. L’un d’eux s’est exclamé : “Mais comment ont-ils même pu imaginer ça ?”»