- Page 6

  • Décryptage - Pour un numérique universel

    2612576859.jpg

    "Les personnes handicapées peuvent participer au développement d'un numérique plus intelligent..."

    Pour Hervé DELACROIX, coordinateur national d'APF Lab handicap et nouvelle technologies et administrateur d'APF France handicap, les personnes en situation de handicap possèdent une expertise d'usage enfin reconnue en matière de numérique. 

     

    Ainsi deviennent-elles actrices de la société à part entière, douées de la possibilité de contribuer au développement du numérique respectueux de l'environnement et porteur d'innovations sociales, qu'il appelle de ses vœux. 

    Faire Face : Quelle est votre définition de ce que l'on appelle couramment les nouvelles technologies ?

    Hervé DELACROIX : A question simple, réponse difficile. Auparavant, on parlait de nouvelles technologies de l'information et de la communication, les fameuses NTIC. Cela regroupait l'usage du numérique et internet. Maintenant, cela englobe aussi la robotique. Voilà pour le mot "technologies". Quant à "nouvelles", il pointe le fait que nous sommes dans une troisième ère après celle industrielle. Mais se limiter à cette définition est réducteur. En réalité, nous sommes dans l'innovation sociale. le numérique et les technologies peuvent en être un levier et un instrument. Longtemps, nous avons été dans une logique du progrès scientifique comme clé du bonheur de l'humanité. Mais cela peut faire de l'humain un esclave de la technologie. En réalité , l'évolution technologique doit être encadrée pour qu'elle respecte l'humain et l'environnement et ne devienne ni clivante, ni maltraitante. 

     

    Faire Face : Quel rôle les personnes handicapées peuvent-elles jouer pour cela ? 

    Hervé DELACROIX : Leur expertise d’usage conduit à la conception d'objets plus simples pour chacun, au travers des usages spécifiques et limitations de ces personnes. La conception universelle s'avère bénéfique à tous. C'est un cercle vertueux puisque, dans le même temps, la technologie ne sert pas uniquement à créer de nouveaux biens et services mais représente aussi un levier de valorisation de l'expertise des personnes. 

     

    Pour accéder à l'interview, abonnez-vous au magazine Faire Face en cliquant ICI (magazine APF France handicap) 

  • Rentrée 2020: les mesures post-Covid en faveur des étudiants

    979171122.jpg

    Maintien des aides dédiées aux étudiants handicapés, gel des frais d'inscription à l'université, revalorisation des bourses, cantine à un euro... Focus sur les principales mesures de la rentrée pour favoriser l'accès de tous aux études supérieures.

    2,3 milliards d'euros, c'est le montant des aides mobilisées par le gouvernement, en 2020, au titre de l'action sociale en faveur des étudiants. Le but : favoriser l'égalité d'accès aux études supérieures. Un objectif qui est encore loin d'être atteint pour les étudiants en situation de handicap qui représentent moins de 2 % de l'effectif global. Pour changer la donne, 7,5 millions d'euros sont consacrés chaque année à la mise en place d'aides dédiées. En théorie, les étudiants handicapés peuvent notamment bénéficier d'un plan d'accompagnement personnalisé pour le suivi des études et d'un aménagement des modalités de passation des examens. En pratique, certains, notamment les élèves « dys », doivent parfois se battre pour les obtenir (article en lien ci-dessous). A quelques semaines de la reprise, ils attendent des « changements ». Et, justement, ils vont en avoir, au moins un peu. Tour d'horizon des principales mesures de cette rentrée 2020-2021.

    Gel des frais d'inscription

    Pour faire face à la crise, Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, annonce, le 17 août 2020, le gel du montant des frais d'inscription à l'université, pour la deuxième année consécutive. Ils s'élèvent à 170 euros pour la licence, 243 pour le master et 380 pour le doctorat, excepté pour les étudiants boursiers. L'Etat prend ensuite en charge le reste du coût réel de la scolarité des étudiants, soit une enveloppe de 10 000 euros par an, tous cycles confondus, à la fac.

    Revalorisation des bourses

    D'autre part, le montant des bourses sur critères sociaux, versées par les Crous, sera revalorisé d'1,2 %. « Cette hausse, d'un montant équivalent à celui de l'inflation cette année, permettra de soutenir le pouvoir d'achat des étudiants », estime le ministère. A compter de la rentrée, tous ceux qui en bénéficient débourseront 1 euro pour accéder au restaurant universitaire, contre 3,30 euros pour les non boursiers. Objectif : « favoriser l'accès à une alimentation équilibrée et durable à un prix très modique, dans plusieurs centaines de structures qui maillent le territoire national ».

    Aides spécifiques et accompagnement social

    Pour rappel, d'autres soutiens existent, tels que les aides spécifiques. Gérées par les Crous, elles peuvent prendre la forme d'une aide ponctuelle, si l'étudiant rencontre momentanément des difficultés, ou d'une allocation annuelle, en cas de difficultés pérennes. En cas de besoin, les étudiants peuvent également se rapprocher des services sociaux. Sur l'ensemble du territoire, près de 300 agents sont disponibles, principalement dans les Crous et dans certains établissements, pour « assurer l'accueil et l'accompagnement des étudiants qui rencontrent des difficultés sociales ». Réaliser des démarches d'accès aux droits (complémentaire santé, aides au logement, etc.), bénéficier d'aides alimentaires et/ou financières... Un coup de pouce particulièrement utile pour certains jeunes en situation de handicap.

  • Tarn : (encore) refoulée d'un café à cause de son handichien

    3823557380.png

    3,6 millions de vue en 48 heures ! Une vidéo, dans laquelle on voit un commerçant refuser l'accès de son café à une femme en fauteuil roulant à cause de son chien d'assistance, agite le web. Après 1h d'esclandre, les deux parties ont déposé plainte.

     

    Une femme en fauteuil roulant souhaitant entrer dans un café avec son chien d'assistance. Le patron qui fait barrage au motif que les animaux ne sont pas acceptés à l'intérieur. Le ton monte, chacun campe sur ses positions, l'une brandissant la loi, l'autre la convention collective. Cette scène s'est déroulée le 14 août 2020 à Castres, une commune du Tarn. La vidéo de l'altercation, diffusée sur la page Facebook « 2000 LOL face à la maladie » (en lien ci-dessous) le 17 août, est devenue virale : 3,6 millions de vues en deux jours et des dizaines de milliers de commentaires d'internautes indignés.

    Interdiction d'interdire l'accès

    En vacances dans le sud de la France avec sa famille, Mathilde ne s'attendait pas à provoquer un tel esclandre, bien qu'étant habituée à rappeler la législation à de nombreux commerçants... Selon la loi du 11 février 2005, l'accès aux transports et aux lieux ouverts au public, notamment, doit être autorisé aux « chiens guides d'aveugle ou d'assistance », sous peine d'écoper d'une amende de troisième classe pouvant aller jusqu'à 450 euros. « Quelle que soit la règlementation, vous ne rentrerez pas chez moi, avec ou sans chien. J'ai le droit de refuser des clients alors, hop, du vent ! », lui rétorque le patron de l'épicerie fine « Saveurs du temps ».

    Pas de chien dans l'agroalimentaire ?

    L'altercation a duré une heure, débouchant sur l'intervention de la police municipale et d'une main-courante. « C'est moi qui vais porter plainte contre vous parce que vous m'empêcher de travailler »,s'exclame la commerçante sur la vidéo. Le couple s'estime dans son bon droit. « Nous sommes un établissement assimilé à l'agroalimentaire puisque nous brûlons du café. Donc les animaux ne peuvent pas rentrer chez nous », explique-t-il dans les colonnes de la Dépêche du Midi, assurant que « toute cette histoire n'a rien à voir avec le handicap ». « Nous recevons régulièrement chez nous des personnes en fauteuil roulant mais pas de chien », poursuivent-ils avant d'appeler les internautes à prendre du recul. « Les quinze secondes de vidéo ne reflètent pas la réalité d'une histoire qui a duré une heure », plaident-ils, estimant que Mathilde « criait et tentait de forcer le passage ».

    Privée de son autonomie

    « Pour ces gens, une personne en situation de handicap ne doit pas être autonome et doit soit confier son chien (qui est essentiel pour faire mes courses, prévenir mes malaises etc.),  soit faire acheter son café » par une tierce personne, déplore Mathilde qui appelle à plus de tolérance. Une fois « remise de ses émotions », Mathilde a déposé plainte, espérant obtenir « le respect de ses droits ». Le couple de commerçants aurait fait de même face à la vague de commentaires « haineux » publiés à leur égard.

    Un cas parmi tant d'autres

    Malheureusement, cette polémique est loin d'être un cas isolé. Fin 2018, à Marseille, un malvoyant avec son chien avait été violement expulsé d'un magasin d'alimentation. A Pau, c'est un chauffeur de taxi qui refusait tout simplement de prendre un aveugle et son chien (articles en lien ci-dessous). En 2019, à Lyon, un chien guide avait interdiction d'entrer dans le Tribunal de grande instance, sans parler des taxis... Face à ces innombrables refus, Sophie Cluzel avait adressé, en août 2019, une circulaire à tous les préfets pour leur rappeler de faire appliquer la loi (article en lien ci-dessous). A remettre au goût du jour ?