Les "personnes en situation de handicap" ne peuvent jouir que de valeurs opposées à celles de la République. Est-ce normal?
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Cette année 2021, on la rêve plus inclusive, plus tolérante, plus à l’écoute de notre monde, de nos voisins. Durant la semaine du handicap 2020, du 16 au 22 novembre 2020, de belles initiatives, des projets forts ont pris forme et des budgets conséquents ont été débloqués. La théorie m’a donné de l’espoir, m’a époustouflée… Quelque chose aurait-il changé en France?
Ce cher pays, qui depuis toujours m’a paru à la traîne, notre cher métro, où seulement quelques lignes sont accessibles! Notre chère ville de Paris où nous préférons les cyclistes aux chaises roulantes, aux cannes… Des pentes accessibles? Des jardins d’enfants pour tous, est-ce si difficile?
La plupart des handicapés ont compris Sartre plus facilement que d’autres.
En France, pays des droits de l’homme, où la liberté, l’égalité, la fraternité sont des valeurs chéries de la République, personne n’est programmé pour intégrer des handicapés. Les “personnes en situation de handicap” ne peuvent jouir, faut-il le rappeler, que de valeurs diamétralement opposées à celles de la République...? À vue d’œil, la devise qui nous est imposée, c’est plutôt: limites, adaptabilité, différenciation. En effet, le florilège d’handicaps visibles ou invisibles montre que l’égalité est une vaste fumisterie: allez dire à un jeune homme en chaise qu’il est l’égal du monsieur qui a traversé la route en courant? Liberté, non plus, il n’est pas libre, il est prisonnier de ses aidants, de ses limites, de sa condition de non-accessibilité à la vie. Fraternité, il en rigole au vu des regards des passants!
Sartre disait “Voilà ce que la vie a fait de moi! Maintenant, qu’est-ce que JE fais de ce que la vie a fait de moi?”
La plupart des handicapés ont compris Sartre plus facilement que d’autres. Les familles d’enfants extraordinaires se battent, agissent pour permettre à leur enfant de vivre une vie heureuse, un quotidien sans encombre, de faire de leur vie une victoire.
Oui mais, parfois lesdits handicapés sont confrontés à d’autres vrais handicapés: des personnes bien plus effrayantes. Des personnes clairement amputées: amputées de cervelle, de cœur ou d’oreilles, on ne saura jamais.
Ces personnes forment plusieurs catégories, la liste serait trop longue, et personne n’aime trop lire au sujet des handicapés. Laissez-moi juste vous en décrire quelques-unes:
1. La maîtresse de maternelle qui explique que l’enfant intégré dans la classe va redoubler car son cercle n’est pas assez arrondi!
2. Le professeur qui ne visualise pas comment l’enfant peut être aidé pour aller à son bureau en classe!
3. Celui qui ne comprend pas que l’élève handicapé a besoin d’une secrétaire ou d’une auxiliaire pour ses épreuves d’examens d’un niveau supérieur ou égal au sien pour comprendre ce que l’étudiant a à dire;
4. L’opérationnel qui est “heureux” d’accueillir un handicapé dans sa “mission handicap” mais qui n’a rien à lui donner à faire;
5. L’opérationnel qui ne veut même pas adapter un poste de travail;
6. Celui qui n’a pas le temps, qui voit l’aveugle passer au rouge mais qui ne l’arrête pas;
7. Et enfin, celui qui a décidé de vérifier que la personne handicapée n’a pas amélioré sa condition de vie ou n’a pas gommé miraculeusement son handicap pour redéfinir son allocation adulte handicapé (AAH)!
Ces situations ubuesques, qui peuvent nous faire sourire, sont bien réelles, elles reflètent notre société, elles répondent à la question: “pourquoi nos sociétés ne sont pas inclusives?” Est-ce une peur de l’autre? Est-ce une peur d’aider et de devenir handicapé? Est-ce un manque d’éducation?
En 2021, pour construire une société inclusive, à l’aide de la technologie, de la créativité, de l’audace des nouvelles générations, les choses à faire peuvent être tellement simples, tellement naturelles que vous en seriez presque déçus!
En France, en 2021, je suis certaine que nous pouvons rendre moins handicapés ceux que l’on nomme ainsi.
Traitons le vrai problème, comment éduquer, inclure ces autres?
En ce début d’année, je veux continuer de rêver… Même si ma cible est plus grande que prévu, il faut nous former, apprendre à chacun à parler de sa différence et à comprendre la “bizarrerie” de l’Autre.
En France, en 2021, je suis certaine que nous pouvons rendre moins handicapés ceux que l’on nomme ainsi.
Ces professeurs, ces opérationnels, ces fonctionnaires qui n’ont pas le temps de réorienter leurs GPS ont appris malgré eux à ceux qui sont moins aptes, moins à même d’utiliser toutes leurs capacités à se battre, à gravir des montagnes.
Entre quatre yeux, à ces braves gens, je leur demanderais: “Qui sont les vrais handicapés de la société?” En 2020, nous avons appris que nos repères n’étaient pas les bons, que tout peut s’inverser. Les vraies valeurs, elles, ne bougent pas, accepter l’Autre est aujourd’hui une des choses les plus capitales.
Ainsi, pourquoi ne pas penser en 2021 à inverser notre vision du handicap? Et si nous devenions apprenants les uns des autres?
Mettons d’autres lunettes, celles de celui qu’on croit aider, sans doute a-t-il beaucoup à nous apprendre. Engagez-vous avec nous, suivez nos petites réussites sur Instagram pour voir comment eux aussi, ils mettent un pied sur la lune!