Ceux qui s’occupent d’une personne dépendante peuvent toucher une allocation s’ils suspendent ou réduisent leur activité. Mais pas de quoi révolutionner le quotidien de la plupart des aidants « longue durée » : le montant est faible, la durée limitée à trois mois dans la carrière et les conditions strictes.
Depuis le 30 septembre, le congé de proche aidant est indemnisé. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020 le prévoit et un décret publié le 2 octobre en détaille les modalités pratiques. Cette mesure était fortement attendue, sachant qu’un aidant sur deux exerce une activité professionnelle en parallèle du temps qu’il consacre à son aidé.
Grâce à ce dispositif, un aidant peut cesser de travailler temporairement pour s’occuper d’un proche en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Ce dernier peut être un conjoint, un pacsé, un concubin, un parent, un enfant, un collatéral jusqu’au 4e degré (oncle, cousin…) ou une personne âgée ou en situation de handicap extérieure à sa famille mais qu’il aide de façon régulière.
Concrètement, le congé de proche aidant a une durée de trois mois maximum (certaines entreprises offrent davantage) et il est renouvelable dans la limite d’un an sur l’ensemble de la carrière. Il peut aussi être pris de façon fractionnée (par tranche d’un jour minimum). Pour le poser, l’aidant doit informer son employeur et envoyer certaines pièces justificatives comme une déclaration sur l’honneur de son lien avec la personne aidée et une autre précisant qu’il n’a pas eu précédemment recours à ce type de congé.
Nombre de bénéficiaires limité
La grande nouveauté est donc l’allocation journalière de congé de proche aidant. Elle s’élève à 52,08 euros si l’aidant est une personne isolée, à 43,83 euros s’il vit en couple. Attention, elle ne peut être touchée que maximum vingt-deux jours par mois et soixante-six jours dans l’ensemble de la carrière.
Elle s’adresse aux « salarié, fonctionnaire, travailleur indépendant réduisant ou interrompant son activité, chômeur indemnisé suspendant sa recherche d’emploi pour accompagner un proche », a précisé le gouvernement.
Si cette indemnisation est accueillie favorablement par les associations d’aidants, les conditions pour en bénéficier les laissent toutefois sur leur faim. « Le congé reste réservé à ceux qui s’occupent d’un proche atteint d’un handicap lourd ou d’une perte d’autonomie avancée, ce qui limite le nombre d’aidants pouvant en bénéficier », regrette Olivier Morice, délégué général du collectif Je t’aide.
Il n’est en effet ouvert qu’aux aidants de personnes dont le taux d’incapacité est au moins égal à 80 % ou qui subissent une forte perte d’autonomie (GIR 1 à 3 sur la « grille Aggir » qui mesure le niveau de dépendance de la personne).
Dispositifs alternatifs
D’autres solutions existent cependant pour soulager un peu les aidants qui travaillent. Le congé de présence parentale permet d’accompagner son enfant âgé de moins de 20 ans qui est handicapé ou atteint d’une maladie grave. Sa durée peut atteindre trois cent dix jours (quatorze mois maximum) et peut être fractionnée sur trois ans. Le parent touche alors une indemnité journalière s’élevant à 43,83 euros s’il vit en couple et à 52,08 euros s’il vit seul. L’aidant peut désormais, avec l’accord de son employeur, prendre ce congé sous la forme de demi-journées notamment.
Le congé de solidarité familiale permet, quant à lui, de cesser de travailler si l’un de ses proches est en fin de vie. Il peut être pris de manière continue ou fractionnée. Sa durée est de trois mois, renouvelable une fois. Durant cette période, une allocation journalière est versée par la Sécurité sociale. Elle s’élève à 56,27 euros dans la limite de vingt et un jours (pour un temps plein) ou à 28,14 euros dans la limite de quarante-deux jours (temps partiel).
Certains aidants peuvent, enfin, bénéficier de jours de repos donnés par leurs collègues. Depuis 2014, avec la loi Mathys, un salarié a la possibilité de renoncer de façon anonyme à ses jours de repos non pris – RTT, récupération, congés payés (à l’exception des quatre premières semaines) – pour les céder à un salarié aidant. Ce don permet à ce dernier d’être rémunéré durant son absence.