La Fédération française handisport indique dans un plan de déconfinement détaillé que le besoin d'être assisté par un guide ou un pilote pour pratiquer une activité sportive ne permet pas de reprendre dans de bonnes conditions sanitaires.
Alors que les activités sportives commencent à reprendre, en extérieur, en petit groupe, à distance les un des autres, un public se trouve particulièrement en difficulté : les sportifs handicapés. En effet, si pour les personnes les plus autonomes et aux pathologies les moins sévères, il suffit de reprendre dans les mêmes conditions que tout le monde, certains ont besoin d’accompagnateurs ou d’assistance. Dans ces cas-là, la Fédération française handisport recommande d'appliquer le principe de précaution.
"On a une question récurrente ; des déficients visuels veulent savoir s'ils peuvent faire du sport du tandem, par exemple, avec leur binôme. Pour l'instant, la réponse est non. Quand on fait du tandem, forcément il y a de la transpiration, des gouttelettes qui peuvent s'échapper et même masqués on n'est pas sûrs", explique Guislaine Westelynck, présidente de la Fédération française handisport.
Pratique "sans contact"
Dans un guide d'une vingtaine de pages, la FFH recense toutes ces préconisations en fonction des différents sports, des différents handicaps. Un guide amené à évoluer, mais valable pour le moment jusqu'au 2 juin. "La circulation du virus étant encore active sur le territoire, la Fédération Française Handisport fait le choix, en attendant les nouvelles décisions gouvernementales, de ne pas exposer ses membres les plus vulnérables ou dépendants aux aides humaines dans le cadre de leur activité sportive, pour limiter les risques encourus et conserver une forte maîtrise sanitaire", écrit la fédération.
À partir du 11 mai 2020, la Fédération redonne donc la possibilité "d’une reprise conditionnée des activités physiques et sportives par les associations affiliées, les comités départementaux et régionaux. (...) Cette réouverture de la pratique fédérale devra systématiquement mettre en avant la pratique 'sans contact', en extérieur et dans une logique individuelle et autonome", insiste-t-elle.
"Faut-il faire fabriquer en urgence un tandem ou le pilote est cinq mètres devant ?"
Le protocole précise que la présence d'encadrants sportifs est autorisée, "en respectant les gestes barrières, les règles sanitaires et de distanciation physique (1m minimum et espace par individu de 4m2, en situation statique)" mais que celle d'un guide ou d'un pilote ne l'est pas car elle "ne permet pas de respecter les mesures de prévention et de sécurité face à la transmission du Covid-19 (distanciation de 10 mètres minimum entre 2 personnes dans la pratique de la course à pied, du vélo, du ski, ou de 5 pour la marche ou la randonnée)".
Une préconisation très difficile à recevoir, admet Candide Codjo, président de l'ASLAA, l'un des principaux clubs de tandem handisport en France : "Elle est violente parce que nous, on se sent totalement discriminés. Il faut partir du principe que beaucoup de personnes aveugles ne peuvent, en règle générale, pas sortir." "Faut-il faire fabriquer en urgence un tandem ou le pilote est cinq mètres devant et le copilote à cinq mètres derrière...?", ironise-t-il.