Pandémie et handicap: l'Onu dénonce des situations horribles

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L'ONU mentionne des " rapports horribles faisant état de négligence pendant la pandémie " envers les personnes handicapées à travers le monde. Elle exhorte les Etats à prendre des mesures ciblées pour faire face à des risques " disproportionnés ".

 

Dans le monde, plus d'un milliard de personnes (environ 15 % de la population) vivent avec une forme de handicap. Handicap international avertit que cette la pandémie de Covid-19 s'étend dans 175 pays et territoires, pour certains déjà affectés par la pauvreté, les conflits ou les catastrophes naturelles. Dans ce contexte critique, l'Onu exhorte à nouveau, le 30 avril, ses Etats à prendre des mesures pour « faire face aux risques disproportionnés auxquels sont exposées les personnes handicapées ». Redoutant des « ravages », son Haut-Commissariat aux droits de l'Homme (HCDH) a publié une note pour rappeler aux dirigeants du monde entier que les droits fondamentaux de ce public devaient être respectés.

Des rapports horribles

C'est avant tout le confinement qui est pointé du doigt car les personnes handicapées seraient « en danger à leur domicile, où l'accès aux aides et services quotidiens peut être limité ». « Et certaines peuvent souffrir grandement d'être isolées ou confinées », a déclaré la Haut-Commissaire Michelle Bachelet dans un communiqué. Même inquiétude dans les institutions où, selon elle, elles sont « encore plus menacées » car ces « établissements de soins auraient enregistré des taux de mortalité élevés à la suite du Covid-19 ». Elle mentionne des « rapports horribles faisant état de négligence pendant la pandémie ». L'ONG Human Rights Watch décrit, par exemple, des  traitements abusifs et des mauvaises conditions de vie dans des institutions privées et publiques du Brésil, de Croatie, du Kazakhstan, d'Inde, de Russie et de Serbie. Des dizaines de milliers d'autres personnes sont même enchaînées ou enfermées dans des établissements religieux ou publics au Ghana, en Indonésie, au Nigeria ou au Somaliland.

L'Europe alerte aussi

L'Onu avait tiré le signal d'alarme dès le 17 mars via la voix de Catalina Devandas, sa rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, qui jugeait que « peu avait été fait pour fournir à ce groupe à haut risque les conseils et le soutien nécessaires pour le protéger ». « Les mesures de confinement, telles que l'éloignement social et l'auto-isolement, peuvent être impossibles pour ceux qui comptent sur le soutien des autres pour manger, s'habiller et se baigner. », avait-elle ajouté. Une question de « survie », selon elle. La commission des droits de l'Homme du Conseil de l'Europe a plaidé en écho, rappelant aux Etats membres qu'une « forte proportion de leurs citoyens vivant avec un handicap » sont « exposés à un risque accru de complications médicales graves » et ont des « besoins particuliers ».

Une vie à moindre valeur ?

Pour les services de Mme Bachelet, le moment est donc venu de soutenir les dispositifs communautaires, dans la mesure du possible. Elle rappelle que « ces problèmes ne sont pas insolubles » mais exigent surtout que « des mesures spécifiques soient prises ou que des exceptions soient faites pour éviter que d'autres préjudices ne soient causés ». Elle évoque également la discrimination dont ces populations pourraient être victimes dans l'accès aux soins, se disant « profondément troublée par les informations selon lesquelles la vie des personnes handicapées pourrait, d'une manière ou d'une autre, avoir un poids différent de celui des autres ». La Haut-Commissaire appelle à des décisions médicales fondées sur « des évaluations cliniques individualisées et sur les besoins médicaux, et non sur l'âge ou d'autres caractéristiques comme le handicap ».

Des informations accessibles

Sur un autre plan, l'Onu plaide pour des informations sur le Covid-19 disponibles dans des formats accessibles aux personnes handicapées, ainsi que l'accès de l'enseignement en ligne. En admettant que certains handicaps ne les expose pas à un risque d'infection plus élevé à proprement parler, le danger peut  aussi venir de la discrimination et des obstacles qu'elles rencontrent pour avoir accès aux informations, aux services sociaux, aux soins médicaux, à l'inclusion sociale et à l'éducation.

Si ces indications onusiennes n'ont rien de contraignant, elles ont pour objectif de donner un cap aux Etats, espérant une « prise de conscience » de l'impact de la pandémie sur ces personnes dans un contexte inédit et parfois tragique. Il s'agit aussi d'identifier des actions clés pour les États et de fournir des ressources pour approfondir les connaissances sur la manière de garantir des réponses au Covid-19 fondées sur les droits et incluant les personnes handicapées.

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