« La suspension des soins, supportable à court terme, n'est plus possible sur une aussi longue période. Les prises en charge à domicile doivent s'étendre », explique la présidente du Conseil de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes.
« Cela fait plus de quatre semaines que je n’ai pas pu bénéficier de mes soins de rééducation habituels car le cabinet est fermé. J’ai vraiment besoin de ces séances. Est-ce que je vais pouvoir reprendre la kiné avant le 11 mai ? »
C’était il y a une éternité déjà. Le 17 mars, le confinement entrait en vigueur en France. Les kinésithérapeutes fermaient alors leurs cabinets. Et à domicile, ils se limitaient à assurer les soins vitaux – kiné respiratoire – ou urgents – pour éviter une ré-hospitalisation par exemple.
« Le prolongement du confinement, jusqu’au 11 mai au moins, change la donne, précise Pascale Mathieu, la présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes. La suspension des soins, qui était supportable à court terme, n’est plus possible sur une aussi longue période. »
« Les prises en charge à domicile doivent s’étendre. »
Certes, les cabinets ne peuvent pas rouvrir leurs portes. « Mais les prises en charge à domicile doivent s’étendre », insiste Pascale Mathieu. Notamment aux personnes en situation de handicap qui figurent parmi les publics ciblés par le Conseil national de l’ordre.
Ces deux dernières semaines, des professionnels avaient déjà repris les séances à domicile. « Mais beaucoup de kinés ne s’y étaient pas encore résolus, par crainte d’être un vecteur du virus, précise-t-elle. Et beaucoup de patients avaient peur de laisser entrer des personnes chez eux. »
Les kinés tenus à une obligation de soins
Dans sa note publiée le 14 avril, le Conseil national de l’ordre rappelle l’« obligation de soins » à laquelle les kinés sont tenus. « Cela impose de rester joignable pour les prises en charge à domicile. La clause de conscience ne peut se concevoir en cette période que devant l’impossibilité de se protéger et de protéger ses patients lors de leur prise en charge, notamment faute de protection adaptée. »
Sans masque, pas d’intervention
« Sans masques, les kinés ne sont pas en mesure d’intervenir, insiste Pascale Matthieu. C’est la protection minimale indispensable. »
En la matière, la situation s’améliore lentement. Mais, selon le Conseil national de l’ordre, il n’y a que dans les Pays de la Loire et dans le Grand Est que les kinés sont correctement approvisionnés. Ailleurs, ils peinent encore à se procurer les masques du stock national. Et quand les pharmacies en ont, la dotation réglementaire à laquelle ils ont droit – six par semaine – est insuffisante.
Contactez le conseil départemental en cas de besoin
Vous avez besoin de soins et votre kiné n’est pas en mesure d’intervenir, quelle qu’en soit la raison (manque de masque, arrêt maladie…) ? « Contactez votre conseil départemental de l’ordre qui trouvera un praticien pouvant assurer les soins à sa place », conseille Pascale Mathieu.
Et peu importe que votre prescription médicale ne stipule pas que l’intervention doit avoir lieu chez vous. Vous n’aurez donc pas de surcoût à supporter. Car tant que le confinement durera, tous les soins auront forcément lieu au domicile.