Don de jours de congés aux aidants : vrai besoin, fausse réponse

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Le Parlement vient d’ouvrir aux aidants de personnes âgées ou handicapées la possibilité de bénéficier de jours de congés donnés par leurs collègues salariés. Une mesurette qui n’est pas à la hauteur des enjeux et substitue la charité à la nécessaire solidarité nationale.

Charité bien ordonnée commence par la loi-même. Le Sénat a ainsi donné son feu vert, mercredi 31 janvier, à la proposition de loi autorisant des salariés à offrir des jours de congés à un collègue s’occupant d’un proche âgé ou handicapé. Le don était déjà autorisé, depuis 2014, aux parents d’enfants gravement malades. Les sénateurs n’ayant pas changé un mot au texte examiné par l’Assemblée nationale, le 7 décembre, cette loi est définitivement adoptée.

 « Sa portée sera limitée. »

« Fière de l’avoir défendue, a tweeté la secrétaire d’État chargé des personnes handicapées, suite au vote. Un pas significatif. Nous devons soutenir les aidants et les préserver ! » L’enthousiasme de Sophie Cluzel contraste avec les réserves des sénateurs, durant les débats.

« Sa portée sera limitée », a ainsi souligné la centriste Jocelyne Guidez (UDI), la rapporteure de la Commission des Affaires sociales. « Nous ne pourrons faire l’économie d’un texte global sur les aidants », a ajouté Philippe Mouiller (Les Républicains).

La générosité individuelle au lieu de la solidarité nationale

Les besoins sont en effet immenses. Ils vont aller aussi en grandissant avec le vieillissement de la population. 8 à 11 millions de Français, en majorité des femmes, aident un proche. Beaucoup s’épuisent à mener de front vie familiale, travail et aide. Le don de jours de congés n’est donc pas à la hauteur des enjeux.

De plus, il fait reposer la solidarité dont ont besoin les aidants sur des initiatives individuelles – la générosité des collègues de travail – et non sur la collectivité nationale. Et il introduit de l’inégalité entre aidants selon l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Les dons sont en effet susceptibles d’être plus faciles dans des sociétés garantissant davantage de jours de congés.

Indemniser le congé de proche aidant

Une autre proposition de loi sera examinée le 18 mars. Elle porte sur le congé de proche aidant qui n’est, aujourd’hui, ni rémunéré ni indemnisé. Son auteur, le député communiste Pierre Dharréville, demande qu’il soit rémunéré 43 € par jour. Un montant identique à celui de l’allocation journalière de présence parentale. Une mesure qui relève là de la solidarité et non de la charité. Franck Seuret

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