Militant handicapé, Marcel Nuss demande que l'activité d'aidants sexuels ne soit plus assimilée à de la prostitution

 

"Il n'y pas que pour me déplacer que j'ai besoin d'être accompagné", est-il écrit sur l'une des trois affiches.

HANDICAP - Marcel Nuss ne s'arrête jamais. Tétraplégique, il milite activement pour obtenir une exception à la loi sur le proxénétisme. Il préside l'Association pour la promotion de l'accompagnement sexuel (APPAS) et souhaite que l'activité des "aidants" sexuels ne tombe pas sous le coup de la loi, ni ceux qui font appel à eux.

Après une pétition lancée en décembre 2016, qui n'a pas obtenu un nombre conséquent de signatures, Marcel Nuss, également blogueur sur Le HuffPost, lance une campagne de sensibilisation sur Internet. Elle est composée de trois visuels, accompagnés d'un message explicite.

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En septembre 2016, il dénonçait "l'hypocrisie française" au sujet de l'accompagnement sexuel des personnes handicapées, lui qui a pu mener 4 formations d'aidants, au vu et au su de tous, sans que les pouvoirs publics ne se saisissent de l'affaire. Ceux qui font appel à ces aidants sexuels sont au regard de la loi des "proxénètes bénévoles", rappelle l'association. Mais les pouvoirs publics semblent préférer cette zone d'ombre législative.

 

En 2015, l'APPAS avait rédigé un projet de loi, envoyé à une quarantaine de parlementaires, dont Cécile Duflot (EELV), Benoît Hamon (PS), Claude Bartolone (PS), Alain Juppé (LR) et Nathalie Kosciusko-Morizet (LR). Il proposait de faire entrer en vigueur l'exception à la loi sur le proxénétisme au 1er janvier 2017. Seul Sergio Coronado chez EELV avait répondu qu'il avait étudié le dossier. Silence radio pour les 39 autres.

 

Témoignages saisissants

L'APPAS publie régulièrement des témoignages d'aidants sexuels ou de personnes handicapées qui y ont eu recours, afin d'inscrire l'intérêt de cette pratique dans le paysage. Le plus récent est celui de Nina de Vries, une aidante qui raconte ce qui l'a menée à exercer ce métier.

Dans un texte sensible, publié en mars 2016 sur Le HuffPost, Marcel Nuss citait des situations démontrant que le sexe chez les personnes handicapées était un élément à prendre en considération:

Que fait-on pour aider ces parents en état de détresse qui masturbent leur enfant en désespoir de cause, dépassés par une situation incestueuse, sans une écoute et une réponse adéquates? Que fait-on pour ces parents et leur enfant victime d'un traumatisme crânien frontal qui est incapable de maîtriser ses pulsions, et que l'on menace de poursuites pour abus sexuel? Que fait-on des plus de 20% de femmes et des 15% environ d'hommes en situation de dépendance, qui sont abusés ou violés chaque année? Que fait-on des couples en situation de handicap qui souhaitent légitimement faire l'amour, au moins de temps en temps? L'accompagnement sexuel a largement démontré qu'il représente une alternative à ces souffrances.

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