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  • Accueillant familial : un hébergement inclusif et sur-mesure

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    Plus de 15 000 Français exercent le métier d'accueillant familial. Le principe : prendre en charge une personne âgée ou handicapée et ainsi proposer une alternative à l'hébergement en établissement. Un mode d'accueil inclusif en plein essor !

     

    Le département le plus accueillant de France est... le Nord, juste après La Réunion ! Non pas grâce au caractère chaleureux de ses habitants mais au nombre d'accueillants familiaux dont il dispose, à savoir 537 pour environ 630 personnes accueillies. Ce dispositif, qui s'adresse aux personnes âgées de plus de 60 ans ou en situation de handicap de plus de 20 ans, constitue une alternative à l'hébergement en maison de retraite ou en établissement spécialisé. Ses atouts : une présence rassurante, stimulante et un projet d'accueil personnalisé.

    Une prise en charge moyennant rémunération

    Outre l'hébergement, l'accueillant familial prend en charge la préparation des repas, l'entretien, les courses, les activités quotidiennes, en échange d'une rémunération. En effet, les deux parties sont liées par un contrat de gré à gré. Les personnes accueillies versent chaque mois un salaire qui oscille entre 1 500 euros et 2 000 euros brut environ. En outre, elles peuvent bénéficier d'aides sociales et fiscales. Temporaire, temps partiel, permanent... Plusieurs types d'accueil sont proposés en fonction des besoins. Autant d'informations qui doivent figurer dans le contrat d'accueil, à signer, au plus tard, le jour de l'emménagement.

    Un logement accessible

    Pour exercer ce métier, il faut tout d'abord obtenir l'agrément du conseil départemental. Pour ce faire, un certain nombre de critères sont à remplir : l'absence de liens familiaux, la mise à disposition d'une chambre individuelle de 9m2 minimum -ou le double pour un couple- située à proximité d'une salle d'eau et de toilettes et une liberté de déplacement à l'intérieur du logement. Les pièces communes doivent également être accessibles et l'habitat adapté à la mobilité de la personne accueillie afin, notamment, d'encourager une véritable vie de famille.

    Formation initiale et continue

    Autres conditions : avoir suivi une formation initiale et continue de 54 heures minimum ainsi qu'une initiation aux gestes de secourisme organisées par le président du conseil départemental. Le code de l'Action sociale et des familles, qui encadre cette profession, précise que « le département prend en charge, lorsqu'il n'est pas assuré, l'accueil des personnes dont l'état de handicap ou de perte d'autonomie le nécessite, durant les temps de formation obligatoire des accueillants. » D'autre part, si ces derniers doivent coordonner les soins de leur hôte, ils n'ont pas vocation à les prodiguer. Par conséquent, aucune compétence médicale n'est nécessaire. Ils s'engagent cependant à accepter la mise en place d'un suivi social et médico-social, notamment via des visites sur place.

    18 000 places potentielles

    L'agrément est délivré pour une durée de cinq ans, renouvelable. Durant cette période, les services départementaux viennent régulièrement contrôler les conditions d'accueil afin de s'assurer de la santé, de la sécurité ainsi que du bien-être physique et moral des personnes hébergées. Ils décident également de leur nombre, dans la limite de trois simultanément, en fonction de l'expérience de celui qui les reçoit, de sa formation professionnelle et de l'environnement social et familial. Intéressé ? Il suffit de se tourner vers le conseil départemental pour obtenir la liste des accueillants familiaux agréés. Environ 18 000 places sont potentiellement disponibles partout en France.

  • Thomas, 27 ans, autiste Asperger, rêve de sauver des vies

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    Se sentir utile, c'est le sentiment qui a guidé la vie de Thomas, autiste Asperger. Aujourd'hui aide-soignant, il rêve de rejoindre les rangs du service de santé des Armées pour servir son pays. Portrait d'un jeune homme sur tous les fronts...

     

    Thomas, aide-soignant à domicile, travaille d'arrache-pied depuis le début de la pandémie, à la merci du virus. Pourtant, ce n'est pas le Corona qui l'effraie le plus car « être contaminé fait partie des risques du métier ». Qui alors ? « Les humains, ils ne réagissent pas tous de manière rationnelle et perdent parfois leur sang-froid, c'est déstabilisant », observe ce jeune autiste Asperger. Face au nombre croissant de patients infectés, sa hiérarchie envisage de créer une unité Covid. Des volontaires ? Sur une trentaine de professionnels, seuls deux ou trois répondent à l'appel. Thomas en fait partie. Le réflexe d'un homme prêt à tout pour sauver des vies…

    Aider, un rêve d'enfant

    « Thomas, que veux-tu faire plus tard ? » Un enfant « lambda » aurait sans doute répondu « pompier », « astronaute », « sportif »... Mais « la norme », ce n'est pas trop le truc du jeune Thomas Gyurjan. « Aider les autres », telle est sa vocation. Au lycée, il se cherche, passe un diplôme de logistique et commercialisation, sans grande conviction, puis cumule des petits boulots en milieu ordinaire et en entreprise adaptée : reprographie, espaces verts... « Rien de bien passionnant », selon lui. « Avec le temps, je désespérais un peu de trouver ma voie », se souvient-il. Mais le 13 novembre 2015, sa vie bascule, comme celle de millions de Français...

    L'autisme, critère d'inaptitude à l'engagement militaire initial

    Des terroristes prennent d'assaut le Bataclan, faisant 131 morts et plus de 400 blessés. Ce jour-là, les forces de l'ordre et les soignants sont à pied d'œuvre pour tenter de panser ce massacre. Pour Thomas, c'est le déclic. « Je veux en être ! » Se sentir utile, servir son pays, voilà sa destinée. Des valeurs communes à celles de l'armée, au sein de laquelle il tente de s'engager. « Malheureusement, je n'ai même pas pu passer les épreuves physiques, il a suffi d'un entretien pour sceller mon sort », déplore-t-il. Le verdict tombe un mois plus tard, par téléphone : « Refusé, en raison d'un critère d'inaptitude à l'engagement militaire initial ». Ce « critère », c'est l'autisme. Le même qui lui donne du fil à retordre depuis sa plus tendre enfance, à l'école, d'abord, en emploi ensuite. Mais Thomas ne se laisse pas abattre.

    Manque de tact professionnel

    Bien décidé à « trouver un emploi qui implique le don de soi », il jette finalement son dévolu sur le paramédical. Il reprend ses études et intègre une formation de dix mois pour devenir aide-soignant. « Mis à part quelques difficultés au niveau des interactions sociales, tout se passe bien », se réjouit-il. Mais, au fil des mois, les choses se corsent, et son dernier stage est interrompu pour « mauvaise conduite ». « Je n'ai pas assuré, concède-t-il. J'ai considéré le diplôme comme acquis et me suis relâché. » Son principal reproche ? Le « manque de tact professionnel ». « Il m'arrive, en effet, de laisser place à un humour assez noir, que les gens 'normaux' jugent déplacé, poursuit-il. Je peux comprendre... » En octobre 2019, il obtient finalement son diplôme et travaille dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). « Je ne voulais absolument pas rester inactif », poursuit-il. En parallèle, il nourrit d'autres ambitions...

    Du treillis kaki à la blouse blanche

    « Un poste de bureau ? Non merci ! », déclare le jeune homme de 27 ans qui se dit plutôt « admiratif » des soldats « qui risquent leur peau pour nous permettre de dormir sur nos deux oreilles ». Si ce n'est sur le front en treillis kaki, alors ce sera en blouse blanche dans un hôpital militaire en tant que civil, « mais je servirai, moi aussi, mon pays, à ma façon, quoi qu'il en coûte », assure-t-il. Il entend alors parler d'une convention passée entre le ministère des Armées, l'association AFG autisme et l'université de Toulouse pour faciliter l'intégration des personnes autistes Asperger en emploi. Le hic ? Elle se limite aux métiers de l'informatique. Thomas est alors orienté vers l'association Bleu network, dédiée à l'accompagnement et l'accès à l'emploi des personnes avec autisme. Son président, Chams-Ddine Belkhayat, contacte les délégués handicap régionaux du ministère des Armées. Sa mission : lui trouver un emploi dans un hôpital militaire. Seulement, pour proposer un poste aux bénéficiaires de la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (Rqth), ces derniers doivent recevoir, au préalable, un « ordre de recrutement » des ressources humaines. De fait, ils ne créent pas d'embauche mais répondent simplement à un besoin. Or, à ce jour, aucune demande n'a été formulée par le service de santé. Autre option : passer un concours mais, crise sanitaire oblige, ils sont, pour la plupart, annulés. Plus déterminé que jamais, Thomas patiente dans l'espoir qu'une opportunité se présente.

    Une volonté à toute épreuve

    En attendant, le jeune aide-soignant se presse au chevet de ses patients. « Dans le secteur de la santé à domicile, on prend le temps de les connaître, cela nous humanise un peu plus, estime-t-il. Chaque remerciement me rappelle pourquoi je fais ce métier valorisant. Une profession qui aide aussi à relativiser et nous fait prendre conscience de la chance qu'on a d'être en bonne santé, entouré... » Durant la crise, une certaine solidarité s'est installée au sein de son équipe. « A l'issue de chacune de mes tournées, j'appelle mes collègues pour s'avoir s'ils ont besoin de renfort et inversement, explique-t-il. C'est naturel. »

    Véritable sens de l'engagement

    L'âme militaire ? « Un véritable sens de l'engagement, sans aucun doute », salue Chams-Ddine Belkhayat. Ce commandant dans l'armée de terre, papa d'un enfant autiste, encourage « tous les Thomas à réaliser leur rêve, quel qu'il soit ». « Rompez les rangs ! », exhorte-t-il. « S'il ne se concrétise pas, je poursuivrai ma mission », certifie le jeune aide-soignant qui envisage de passer son diplôme d'infirmier « afin d'acquérir de nouvelles compétences pour pouvoir, toujours plus, aider les autres ». De là à s'imaginer médecin, comme Shaun Murphy, autiste Asperger, dans Good Doctor ? « Sans façon, les infirmiers sont plus proches des patients, argumente-t-il. Et puis je ne serai jamais assez patient pour faire neuf ans d'étude... » Morale de l'histoire ? « Avec un handicap ou pas, il n'est jamais trop tard pour se prendre en main et trouver sa voie. »

  • Lettre ouverte : accueil des enfants handicapés dans les EAJE et autres dispositifs de la petite enfance

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    Alors que la liste des priorités pour la reprise de l’accueil en crèche a été établie, avec plusieurs associations, nous déplorons, dans une lettre ouverte à Sophie Cluzel, que la question du handicap ne soit pas mentionnée comme étant une possibilité de priorité pour les familles concernées, contrairement à ce qui a été annoncé par exemple pour l’école. 

    "Madame la Secrétaire d’État,

    Le guide de la DGCS concernant la reprise des accueils en crèche publié le 7 mai dernier prévoit la liste des
    priorités d’accueil. Toutefois, la question du handicap n’est pas du tout mentionnée comme étant une
    possibilité de priorité pour les familles concernées, contrairement à ce qui a été annoncé par exemple pour
    l’école.

    De plus sur la base de ce guide, des interprétationsrestrictives sont parfois diffusées associant tous les enfants
    en situation de handicap aux enfants avec pathologies chroniques ou ayant des facteurs de risque, et de ce
    fait nécessitant un avis d’un médecin.

    Nos organisations associatives et mutualistes regrettent, malgré le principe légal de non-discrimination, cette
    manière d’aborder une situation de handicap sous le prisme du soin et non des droits de la personne.
    En conséquence, nous souhaitons que l’inutilité de principe du certificat médical pour l’accueil en crèche pour
    les enfants en situation de handicap qui n’ont pas de problématique médicale spécifique à risque, sur la base
    de l’égalité avec les autres enfants soit affirmée.


    Nous souhaitons également que la priorité d’accueil des enfants en situation de handicap si les parents en font la demande soit prévu dans les EAJE et autres dispositifs de la petite enfance.


    En vous remerciant de l'attention que vous porterez à notre demande, veuillez recevoir, Madame la Secrétaire
    d’État, nos salutations respectueuses"