À quelques exceptions près, la première semaine de déconfinement a ressemblé aux semaines de confinement pour de nombreuses personnes en situation de handicap. La crainte du virus les a conduit à ne modifier leur comportement qu’à la marge.
À quelques exceptions près, la première semaine de déconfinement a ressemblé aux semaines de confinement pour de nombreuses personnes en situation de handicap. La crainte du virus les a conduit à ne modifier leur comportement qu’à la marge.
« J’ai vraiment peur. » À Belfort, la crise du coronavirus angoisse Sylvia Viprey, 49 ans. « Comme je suis asthmatique et obèse, je fais partie des gens à risque de développer une forme sévère du Covid-19. »
Pour se rassurer, elle a réalisé, jeudi 14 mai, un test sérologique. 35 € non remboursés puisque non prescrit. Résultat négatif : elle n’a pas été contaminée. « Ce qui veut dire que je dois continuer à être très vigilante. » La quasi-quinqua n’a pas voulu retourner travailler dans son Ésat, qui a recommencé ses activités, le 4 mai, avec des volontaires.
En revanche, elle a allongé la durée de ses promenades quotidiennes. « Il faut que je marche car je fais de l’insuffisance veineuse. Mais je prends des itinéraires peu fréquentés. » Elle a aussi pris le bus pour aller voir sa fille aînée. « On est resté dehors, en bas de chez elle, à distance l’une de l’autre. »
Les auxiliaires de vie de retour
« Ça fait du bien de sentir le soleil sur sa peau. » Le Nantais Laurent Gouy, 54 ans, a rarement autant apprécié une sortie que celle qu’il a faite lundi 11 mai. Sa première depuis huit semaines. Sa capacité respiratoire réduite de moitié l’a amené à faire preuve de la plus grande prudence durant le confinement. Et il n’entend pas encore baisser la garde.
« Je ne suis sorti que trois fois la semaine dernière. En plein air, pas dans un magasin. » Et toujours masqué, grâce à la prescription médicale de son médecin.
Ce qui a surtout changé, c’est l’organisation de l’aide à domicile. « Dès le 16 mars, j’avais réduit au strict minimum les interventions de mes auxiliaires de vie. J’ai progressivement fait de nouveau appel à elles. Et depuis le 11 mai, on est revenu au nombre d’heures habituel. C’est ça, le vrai changement du déconfinement. »
« Mes copines ont peur de m’infecter. »
« Sortir, d’accord, mais pour quoi faire ?, interroge la Marseillaise Samira Blain, 44 ans. Les cinés restent fermés tout comme les bars. Les activités associatives n’ont pas repris. Et ma famille n’habite pas ici. »
Restent les rendez-vous entre amis. « Mais mes copines ont peu de m’infecter. Et j’avoue que ne suis pas rassurée non plus car mon système immunitaire est très bas. » Alors, les retrouvailles, ce sera pour plus tard.
En attendant, comme durant le confinement, Samira Blain sort uniquement pour aller faire les courses. « Vite fait car tout le monde ne respecte pas les gestes barrières dans les magasins ! »
Jongler entre les jouets et l’ordinateur
Deux enfants en bas âge et le boulot à assumer. Olivia, 31 ans, n’a pas eu le temps de s’ennuyer durant le confinement et le déconfinement continue sur le même tempo.
« Même si je ne présente pas de risque particulier, le médecin du travail m’a conseillé de télétravailler au moins jusqu’à début juillet, raconte la jeune femme, paraplégique, qui vit en zone rouge, en région parisienne. Et pour ne pas prendre de risques inutiles, nos enfants de 2 ans et 9 mois ne vont pas retourner à la crèche. »
Olivia et son mari, en télétravail également, continueront donc à jongler entre les jouets et l’ordinateur. Seule nouveauté : cette juriste fera un saut une fois par semaine au bureau pour récupérer des dossiers. En voiture.
L’amour a frappé par écrans interposés
Thierry Craipeau, 48 ans, n’avait qu’une hâte, le 11 mai : se rendre chez sa chérie, à une cinquantaine de kilomètres de chez lui, en Vendée. Un premier rendez-vous réel car l’idylle s’est nouée par écrans interposées.
« On se croisait depuis six ans dans des bars à karaoké, notre passion commune. Mais on ne se connaissait pas vraiment en fait. Avec le confinement, on s’est rapprochés en discutant sur une application faite pour chanter ensemble. »
La deuxième visite a été pour ses parents. Pour le reste, pas de folie. « Malgré mon handicap, je ne suis pas à risque. Mais je reste ultra-vigilant. Ce n’est pas le moment d’enchaîner les apéros avec les copains. » Pas le bon moment non plus, malheureusement, pour retrouver un emploi, lui qui est en recherche depuis quelque mois. Un déconfinement d’amour et d’eau fraîche.