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  • Ils renoncent à se faire aider pour se protéger

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    La pénurie de masques a conduit certaines personnes à prendre la décision de se passer, autant que possible, d'aide humaine extérieure. Surtout si leur état de santé leur fait craindre pour leur vie.

     

    Durant l’épidémie, de nombreux parents d’enfants handicapés et adultes handicapés ont décidé de stopper, ou de limiter au strict minimum, les interventions des professionnels à domicile. Une décision lourde de conséquences mais inévitable, à leurs yeux. 


    Depuis le début du confinement, Galina a renoncé aux 2h30 d’auxiliaires de vie dédiées à sa fille.

    « Iris ne peut pas tomber malade. » Galina Rybkine, sa maman, n’a qu’une crainte : que sa fille, polyhandicapée, attrape le Covid-19. « Si cela arrivait, nous ne savons pas comment son organisme et métabolisme particuliers réagiraient. Pas non plus comment elle serait prise en charge à l’hôpital, où les médecins sont mal informés et formés sur le polyhandicap. »

    Alors, son mari et elle ont décidé de mettre un terme aux interventions des auxiliaires de vie. Elles venaient jusqu’alors 1h le matin pour l’habillage et le petit déjeuner. Puis, 1h30, le soir, pour le bain et le dîner. La journée, Iris allait dans un établissement qui a fermé ses portes le 16 mars.

    « Depuis, j’assure tout l’accompagnement quotidien, poursuit Galina Rybkine. Et nous gérons au mieux les crises d’épilepsie pour éviter une hospitalisation qui pourrait être dangereuse. »

    Ils ont « peur d’être contaminés »

    Comme elle, de nombreux parents d’enfants handicapés ont suspendu le recours à toute aide extérieure. « Seuls 23 des 58 salariés interviennent encore, témoigne Véronique Meisse, la responsable d’Halte pouce, un service mandataire spécialisé dans l’accompagnement des familles. Certains parents ont tout stoppé. D’autres se limitent au strict minimum. » 

    Des adultes handicapés se sont résolus à prendre la même décision. À APF France handicap, l’activité des services d’aide humaine, qui accompagnent 1 000 personnes, a diminué de 20 %. « Principalement » parce qu’un « certain nombre de personnes en situation de handicap et leurs aidants refusent l’intervention des auxiliaires de vie par peur d’être contaminés », a indiqué Prosper Teboul, le directeur général de l’association, sur France Inter.

    « Nous faisons partie des populations à risques. »

    Yann et son épouse, tous deux handicapés, ont pris cette décision début mars, avant même le début du confinement. Jusqu’alors, des salariés venaient une dizaine d’heures par semaine, pour faire les courses, les repas, le ménage… Depuis, ils se débrouillent seuls.

    « Nous faisons tous les deux partie des populations à risques de développer une forme aigüe de la maladie », explique cet habitant de Gap, âgé de 57 ans et atteint d’une maladie orpheline. Lui n’a qu’un seul poumon opérationnel. Et sa femme a déjà fait trois AVC.

    « Vu mon état de santé, je m’inquiète de savoir si je serais admis en réanimation. La situation est très anxiogène pour des gens comme nous. J’ai doublé ma dose d’anxiolytiques pour limiter mes crises de panique. »

    « Ce n’est pas le rôle de ma compagne de m’assister 24h/24. »


    Atteint d’une pathologie rare, Laurent a besoin d’aide pour tous les actes de la vie quotidienne.

    Laurent Gouy a, lui aussi, voulu limiter les risques. Car ses capacités respiratoires sont réduites de moitié. Il a donc demandé aux trois auxiliaires de vie, qui se relayaient chez lui à raison de huit heures par jour, de ne plus venir. Sa compagne a pris le relais.

    Il s’est résigné à faire de nouveau appel à l’une de ses trois salariés. Et seulement quatre heures par jour, le reste, dont l’aide aux repas, étant assuré par sa compagne. « J’avais heureusement quelques masques en réserve. » Fin de semaine dernière, il a pu aussi, pour la première fois, en récupérer neuf autres auprès de sa pharmacie. Le quota hebdomadaire attribué aux salariés à domicile.

    Les masques arrivent

    Jusqu’à présent, très peu de services prestataires et de particuliers employeurs avaient réussi à se procurer cet équipement de protection de base. La situation commence toutefois à s’améliorer.

    « Heureusement car les aidants familiaux s’épuisent, s’alarme Véronique Meisse. La situation est particulièrement dramatique pour le parent [la mère généralement] qui gère seule son enfant. » Et le prolongement du confinement, au moins jusqu’au 11 mai, rend l’isolement difficilement tenable. « Si les auxiliaires de vie sont équipés de masques, certains aidants pourraient de nouveau accepter leur soutien », poursuit Véronique Meisse. 

    « Avec ou sans masque, c’est trop risqué. »


    Au bout de quatre semaines, Élisabeth a peur de ne pas être capable de tenir plus longtemps.

    Certains mais pas tous. Pas Élisabeth Cerbera-Ferrari, en tout cas. La mère d’Alessandro, un garçonnet autiste de sept ans, a demandé aux quatre personnes qui intervenaient à domicile de ne plus venir.

    « Avec ou sans masque, c’est trop risqué. Alessandro est très tactile. Et il ne comprend pas la situation, le virus et les gestes barrières. » Elle préfère donc tout gérer toute seule. Même si, au bout de quatre semaines de confinement, elle avoue « être vraiment fatiguée ».

    Elle « n’arrive pas à sortir avec Alessandro », car il touche à tout et porte ses doigts et mains à la bouche. Et faute d’avoir sa routine habituelle et de pouvoir se dépenser, il se réveille encore plus souvent la nuit. « Je prends plus d’anxiolytiques que d’habitude. J’ai très peur de ne pas être capable de tenir sur le long terme. » Peur aussi de ne plus être capable de s’occuper de son fils si elle est touchée par le virus. « Je ne peux pas tomber malade. »

  • AAH en temps de confinement

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    Que se passe-t-il si la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) rend une réponse négative à ma demande de renouvellement d’AAH ? Pourrai-je bénéficier quand même de la prorogation de six mois décidée par le gouvernement pour les droits arrivant à échéance, pendant l’épidémie ?

     

    C’est l’une des mesures phares en faveur des personnes handicapées. Leurs droits sont automatiquement prorogés de six mois dès lors qu’ils arrivent à échéance avant le 31 juillet 2020. Exemple : si vos droits prennent fin le 20 avril, leur durée est allongée jusqu’au 20 septembre.

    Et s’ils étaient arrivés à échéance avant le 12 mars et que la MDPH n’avait pas encore statué sur votre dossier ? Alors, vous bénéficiez, vous aussi, d’une prolongation de six mois, à compter du 12 mars. Soit jusqu’au 12 septembre.

    Cette mesure concerne l’AAH et son complément, mais aussi l’AEEH, la PCH, etc. Faire-face.fr l’a détaillé dans un précédent article. Ces dispositions figurent dans l’ordonnance parue au journal officiel, le jeudi 26 mars. En application de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19.

    Un exemple pour comprendre

    Mais que se passe-t-il si la MDPH rend une réponse négative à votre demande de renouvellement de droits dans les semaines qui viennent ? Exemple : vos droits sont arrivés à expiration le 15 mars. L’ordonnance les a prorogés jusqu’au 15 septembre. Mais le 30 avril, vous recevez une notification de la CDAPH, l’organe décisionnel de la MDPH, disant que, après examen de votre dossier, vous n’aurez plus le droit à l’AAH car vous ne remplissez plus les conditions.

    Vos droits se poursuivront jusqu’à la nouvelle date

    Les réponses recueillies auprès de différentes sources étant discordantes, Faire-face.fr a sollicité le cabinet de Sophie Cluzel. Et la réponse du secrétariat d’État chargé des personnes handicapées est claire. « Si l’examen de la demande conduit à un non renouvellement du droit, le non renouvellement ne s’appliquera qu’à la date d’échéance du droit prorogé. »

    Pour reprendre notre exemple, vous percevrez donc l’AAH jusqu’au 15 septembre. Et ce n’est qu’à cette date que vos droits, qui devaient expirer le 15 mars, s’arrêteront. « La notification de rejet de la MDPH précisera que les droits sont maintenus six mois à compter de leur date d’échéance pour tenir compte de la situation exceptionnelle liée à la crise sanitaire », ajoute le cabinet.

    Une application conforme à l’esprit de l’assouplissement

    Cette réponse est conforme à la rédaction du texte de l’ordonnance, telle que nous l’avions comprise. Elle correspond également à l’esprit dans lequel le secrétariat d’État chargé des personnes handicapée a agi. La prolongation de six mois « permet aux personnes d’être sécurisées dans leurs droits durant cette période. Et, pour les MDPH, de se concentrer en priorité sur les réponses aux demandes urgentes. Comme, par exemple, les modifications de plans d’aide liés au retour au domicile. Ou encore la préparation de la rentrée scolaire. »

    Peu importe que la MDPH rende sa réponse avant 

    Le cabinet précise bien sûr que, « dans les cas où la personne avait déjà adressé à la MDPH sa demande de renouvellement, et que cette dernière est en capacité de l’examiner la demande, alors la MDPH prend sa décision selon les modalités réglementaires existantes pour chacun des droits ». Mais, quelle que soit sa décision, la prorogation des droits de six mois reste acquise. Cela va mieux en le disant.

    Faire Face : https://www.faire-face.fr/2020/04/17/faq-handicap-droits-prolonges-si-mdph-reponse-negative/

  • A propos des kinés...

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