« Lourdement handicapée, je me bats depuis deux ans pour faire valoir mes droits. »

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Paula Gomez a subi de nombreuses amputations suite à une infection nosocomiale.

 

Paula Gomez, 52 ans, a été amputée des quatre membres après avoir contracté une infection nosocomiale en 2018. Depuis deux ans, elle essaie d’obtenir réparation du préjudice subi. Cette ancienne mandataire judiciaire prend la parole pour alerter sur sa situation. Et dénoncer les dysfonctionnements d’un système qui laisse sur le carreau les victimes d’accidents médicaux.

« Il y a deux ans, je suis passée très près de la mort. Alors si je suis encore là, c’est pour mes trois enfants et mon mari toujours présents à mes côtés, et pour faire entendre la voix de ceux qui demandent une indemnisation suite à une intervention chirurgicale.

J’ai dû arrêter de travailler, mais j’exerçais en tant que mandataire judiciaire à la protection des majeurs. Veiller au respect des droits des personnes, favoriser leur autonomie, c’est ce à quoi je me suis toujours employée. C’est pourquoi, j’ai décidé de sortir de l’ombre en racontant mon casse-tête juridique.

Mon retour à une vie sociale passe par une reconnaissance de mes droits

En juillet 2018, j’ai été hospitalisée pour une mastectomie suite à une récidive du cancer du sein. J’ai contracté une infection nosocomiale à cause d’un staphylocoque doré. On m’a amputé des deux pieds, de l’avant-bras gauche et de trois doigts de la main droite. Après de longs mois de rééducation, je peux de nouveau marcher équipée de prothèses tibiales. Mais évidemment, j’ai beaucoup perdu en autonomie.

Ce qui me pèse le plus, c’est d’être dépendante. J’ai besoin d’une auxiliaire de vie et le reste à charge est très élevé. Combien de temps vais-je tenir comme cela ? Mon appareillage aussi est très coûteux. Je ne peux pas prétendre à l’AAH car mon conjoint gagne bien sa vie. Il existe nombre d’aberrations qu’il faut faire bouger.

Mon retour à une vie sociale passe par une indemnisation, une reconnaissance du préjudice que j’ai subi. Même aidée par mon avocate, j’ai l’impression d’être dans une impasse. La MDPH que je connais bien pour avoir travaillé avec eux lorsque j’étais en activité comprend mon désarroi, mais ne peut rien faire.

Nous avons enclenché des démarches auprès de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux. Aucune réponse !  C’est quand même un comble de faire face à la défaillance des organismes créés pour nous protéger.

Nous avons lancé une assignation en justice mais tout cela risque de prendre de longs mois. Le temps de l’administration n’est pas le temps des victimes. Cette institution a déjà été sévèrement critiquée par un rapport de la Cour des comptes en 2017. La durée d’instruction des dossiers est très longue, deux ans et neuf mois en moyenne, ce qui est intolérable pour les victimes. Il faut raccourcir ces délais.

J’ai les moyens de me battre, mais comment font les personnes seules, sans moyens pour faire valoir leurs droits ? C’est aussi le sens de mon combat. Je suis intimement convaincue que les choses n’arrivent jamais par hasard. Il me faut donner du sens à ce que je traverse. C’est très frustrant de ne pas se sentir utile. Avant je faisais du bénévolat auprès de personnes âgées avec  l’association Les Petits Frères des Pauvres. Là, je fais entendre la voix des victimes à travers ma propre expérience. »

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